• (Chronique précédemment écrite pour http://edenia.sanctusy.net)

    Le faire ou mourir [Claire-Lise Marguier]

    Titre : Le faire ou mourir
    Auteur : Claire-Lise Marguier

    Nombre de volumes : 1 volume
    Nombre de pages : 102

    Éditeur : Éditions du Rouergue (Collection “doado”)

    Genres : Contemporain, drame, tranche de vie.
    Prix : 9,70 €

    Quatrième de couverture – Résumé de l’éditeur :
    Vus de l’extérieur, ils faisaient plutôt peur, ceux de la bande à Samy, avec leurs coupes de cheveux étranges, leurs vêtements noirs, leurs piercings… Mais le jour où les skateurs s’en sont pris au nouveau du collège, Dam, avec son physique de frite molle, c’est Samy qui s’est interposé et lui a sauvé la mise. Et c’est comme ça qu’ils se sont rencontrés, et que l’histoire a commencé. Samy a essuyé le sang qui coulait de la tempe de Dam, avec sa manche noire. C’était la première fois que quelqu’un le touchait avec autant de douceur…

    Critique :
    « Une vraie claque ». C’est ce que j’avais lu dans pas mal des chroniques et commentaires traitant de « Le faire ou mourir » de Claire-Lise Marguier, le premier roman publié par cet auteur. C’est d’ailleurs à cause de ça que j’ai accepté de payer presque 10 € uniquement pour une centaine de pages. Mais en toute sincérité, je ne peux que le dire aussi : « ce bouquin, c’est une vrai claque ».
    Quand j’ai refermé ce livre, j’avais la gorge nouée et envie de pleurer. Les bouquins qui me font ça, c’est rare. Après, ça peut donner envie de ne plus y toucher aussi et on peut se sentir bizarre…
    « Le faire ou mourir », c’est l’histoire de la descente aux enfers de Damien jusqu’à l’inéluctable explosion qui détruira tout. Dam, ça aurait pu être un ado comme tant d’autres : mal dans sa peau, une famille qui ne le comprend pas et le rabaisse continuellement, des appels à l’aide silencieux…
    Le soulagement, Dam le trouve d’abord dans la scarification. Il a peur de tout, surtout de mourir, mais la douleur et le sang s’écoulant des entailles qu’il s’inflige le fait « se sentir mieux ». Sa rencontre avec Samy et sa bande lui redonnera de l’espoir de surmonter son mal être permanent. Mais c’est sans compter le père et sa famille, qui ne voient rien, qui ne comprennent pas…
    Le fait que ce roman soit écrit à la première personne nous plonge complètement dans l’histoire que nous raconte Dam. On ressent ou comprend ses émotions, on espère qu’il trouvera le salut, et on a qu’une envie : aider Damien.
    Une fois la lecture commencée, il est très difficile de se détacher du livre. Heureusement, le fait qu’il soit si court nous permet de le lire d’une traite sans aucun remord.
    À la fin, nous avons droit à une fin alternative qui fait prendre tout son sens au titre du bouquin. Il nous montre qu’un geste, qu’un simple évènement peut changer toute une vie. J’ignore si cette fin alternative est une bonne chose ou pas, mais ça nous fait réfléchir.
    Malheureusement, ce livre n’a pas que du positif. Il y a des détails qui m’ont beaucoup gênée dans ma lecture.
    Tout d’abord, l’absence de la particule « ne/n’ » de la négation. Entre « je veux plus » et « je ne veux plus », par exemple, cette petite particule prend tout son sens (ou j’en veux davantage, ou je ne veux pas). Aussi, cette absence de particule de la négation peut prêter à confusion et on est parfois obligé de s’arrêter dans sa lecture car on se demande si on a bien lu ou pas.
    Ensuite, il y a une carence énorme au niveau de la ponctuation. Cela rend parfois les phrases incompréhensibles, et ça nous freine de nouveau dans notre lecture. Je reprendrai un célèbre exemple pour illustrer toute l’importance d’une vraie ponctuation : « on va manger les enfants » et « on va manger, les enfants ».
    Je sais que cette absence de négation et la carence de ponctuation, c’est supposé coller le plus à la façon de parler d’un adolescent, mais il ne faut pas abuser non plus. D’autant que Damien est un bon élève, à haut QI même s’il le cache. Donc, même si c’est lui l’unique narrateur de cette histoire, j’ai de sérieux doute qu’il parle tout le temps sans jamais utiliser « ne/n’ ». Quant à la ponctuation, j’admets ne pas du tout comprendre l’auteur avec cette énorme carence.
    Un autre et dernier point négatif, c’est l’absence de mise en page des dialogues, que ce soit par des guillemets ou des tirets. Les paroles, les dialogues, sont mis comme ça, dans un bloc de texte. Parfois, c’est difficile de savoir qui parle, qu’on a changé d’interlocuteur, de voir que ce ne sont plus des paroles mais de la simple narration.
    Un autre choix de l’auteur que je ne peux pas comprendre, au même titre que l’absence de ponctuation. Ce sont deux choses qui n’interviennent pas dans la façon de parler du narrateur, pourtant... La seule chose que ça fait, c’est de perturber le lecteur qui passe son temps à comprendre la phrase et qui dit quoi plutôt que d’apprécier pleinement l’histoire.
    Et c’est vraiment dommage. Car « Le faire ou mourir », comme dit plus haut, c’est une vrai claque. Cette histoire, elle vaut vraiment la peine d’être lue et d’être appréciée à sa juste valeur. Peut-être que les points négatifs que j’ai cités ne gêneront que les littéraires, mais quand même… Qu’une telle histoire soit gâchée par une ponctuation et une négation déficientes, ça me fruste au plus haut point.
    Enfin bref, ce livre, je le recommanderai quand même. Car voilà, « c’est une vraie claque ».

    Points forts :
    + Une histoire prenante
    + Le réalisme, le côté « ça aurait pu vraiment se passer »
    + La profondeur et complexité du personnage principal

    Points faibles :
    - Le prix.
    - L’absence de négation et de marques de dialogues, ainsi que la carence de ponctuation rendant parfois difficile la compréhension du texte.


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  • (Chronique précédemment écrite pour http://edenia.sanctusy.net)

    Titre : Le Dernier Jardin
    Titre original : The Chemical Garden Trilogy
    Auteur : Lauren DeStefano

    Nombre de volumes : 3 volumes
    Tome 1 – Éphémère (Book 1: Wither)
    Tome 2 – Fugitive (Book 2: Fever)
    Tome 3 – Rupture (Book 3: Sever)

    Nombre de pages : 349

    Éditeur : Castelmore (Bragelonne)
    Éditeur original : Simon & Schuster Books for Young Readers

    Genre : Science-fiction, huis-clos, post-apocalyptique, anticipation.
    Prix : 12,50 euros

    Quatrième de couverture – Résumé de l’éditeur :

    Que faire de sa vie quand on connaît la date exacte de sa mort ?
    L’humanité croyait son avenir assuré. La science avait créé des enfants parfaits, immunisés contre toutes les maladies.
    Mais qui pouvait imaginer le prix à payer ?
    Car désormais, personne ne survit au-delà de vingt-cinq ans. Le monde à changer. Pour les jeunes femmes, la liberté n’est plus qu’un souvenir. Au nom de la survie de l’espèce, elles sont kidnappées et contraintes à des mariages polygames.

    Rhine à seize ans. Quand elle se réveille dans une prison dorée, elle n’a qu’une idée en tête : fuir.
    Qu’importe l’amour que lui portent son mari et ses sœurs épouses. Quand on n’a que quelques années à vivres, la liberté n’a pas de prix.

    Trailer :



    Critique :
    Je plaide coupable : ma première raison de l’achat de ce livre, ce fut sa couverture. Celle-ci est magnifique et en tout point identique à l’original (à part que les textes sont en français, bien sûr). Il est tellement rare de voir de si belle couverture dans les éditions francophones… Dommage que les scans des couvertures ne peuvent lui rendre hommage, vu que tout ce qui est brillant ne peut être reproduit par numérisation (ce qui lui donne une allure plutôt pâlotte par rapport au livre en vrai).
    De plus, les mises en pages des pages suivent le format de la couverture. Nous avons donc droit à un jeu de lignes et de micro-cercles à chaque numéro de page et de chapitre, ainsi que dans les pages de titre. Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais un peu d’originalité de ce point de vue-là n’a jamais fait de mal à personne, bien au contraire – d’autant que c’est visuellement très agréable.
    Ma seconde raison à cet achat, c’est le prix : 12,50 € pour un grand format aussi beau, je trouve que ce n’est pas cher.
    Heureusement pour moi, le contenu du livre en vaut la peine. Je ne regrette donc pas du tout mon achat. Nous suivons ici la vie de Rhine, 16 ans, après son enlèvement par les Ramasseurs. Orpheline, séparée de son frère jumeau, originaire de Manhattan, elle se retrouve mariée à l’un des jeunes maîtres domaniaux, Linden Ashby, quelque part en Floride. Mais elle n’est pas seule : deux autres filles, Jenna et Cecily – elles-aussi victimes des Ramasseurs –, partagent son sort. Chacun acceptera ou subira son sort de différentes manières, chacune aura son rôle à jouer dans ce mariage polygame. Mais dans le manoir où elles sont prisonnières, il y a aussi Rose, la première femme et amie d’enfance de Linden, mourante et victime du virus qui touche leur génération. Elle espère que Rhine la remplacera auprès de Linden après sa mort. Et puis, il y a aussi Gabriel, un jeune domestique qui leur apporte leurs repas à l’étage où les épouses sont confinées, et dont Rhine se sent attirée malgré son statut d’épouse de Linden. Et enfin, il y Vaughn, le père de Linden, issu de la première génération, scientifique sans scrupule recherchant sans relâche un antidote au virus qui prendra la vie de son fils trop tôt, et dont tout le monde à peur.
    Cette histoire se déroule bien loin de notre époque. Après une troisième guerre mondial ayant détruit tous les continents – excepté les États-Unis –, la science à progressé à tel point qu’elle a conçu les « bébés parfaits », des enfants qui ne tombent pas malade et qui vivent très longtemps tout en débordant toujours de vitalité. Cependant, les enfants de cette première génération produite par la science sont victimes d’une anomalie qui pourrait rayer les êtres humains de la planète. Ils sont victimes d’un virus létal qui se déclenche inévitablement à 20 ans pour les filles, et à 25 ans pour les garçons. Après des décennies de recherches, l’espoir de trouver un antidote reste vain. Aussi, les (très) jeunes filles sont souvent enlevées par les Ramasseurs, puis vendues à des maîtres domaniaux ou d’autres personnes acceptant d’y mettre le prix. Et les victimes des Ramasseurs « rejetées », sont soit vendues à des bordels, soit tuées.
    Dans ce contexte terrifiant et apocalyptique, le manoir et son immense jardin, où est emmenée Rhine, est un véritable Jardin d’Eden qui semble coupé de la noirceur du monde. Pourtant, si ses sœurs épouses acceptent leur sort, Rhine n’aura qu’une idée en tête : s’échapper de ce paradis et retrouver son jumeau, Rowan. Et pour cela, peu importe son attachement à son époux et à ses sœurs épouses qu’elle abandonnera derrière elle.
    Voilà donc une histoire originale, qui se laisse lire sans aucune difficulté. Même si presque la totalité de l’action se trouve dans le même lieu, l’histoire ne stagne pas et on ne s’ennuie pas. L’auteur nous fait vivre l’utopie dans lequel Linden et ses épouses sont enfermés de telle façon que l’on oublie toute l’atrocité du monde au-delà des murs du manoir et de son jardin idylliques. Nous sommes irrémédiablement pris au piège. Il ne faut cependant pas s’attendre à de l’action au sens propre du terme dans ce roman. Dans cette histoire, pas de baston, seulement des êtres humains avec leurs sentiments, tous différents les uns des autres. On s’attache facilement à tous les personnages… Mais comme ils ne peuvent pas tous nous plaire, il y en a qu’on aime détester.
    Cependant, je trouve dommage que filles et garçons ne soient pas égaux devant la mort. Pourquoi les hommes peuvent-il vivre cinq années de plus ? Mince, moi qui croyait que la tendance, depuis très longtemps, était que les femmes vivaient plus longtemps que les hommes, et ce quasiment partout dans le monde. De plus, alors que toute leur génération est victime du virus, indépendamment de leur sexe (il n’y a donc pas, logiquement, moins de filles que de garçons dans ce monde post-apocalyptique), seules les filles ont vu leur position se rétrograder au point d’être reléguées à des couveuses sur pattes sans d’autres droits que de se taire et obéir. Ce sexisme certain pourrait en agacer plus d’un(e).
    Autre point dérangeant : seuls les États-Unis ont « survécu » à la troisième guerre mondiale. Quant aux autres pays et continents, ils ont purement et simplement été rayés de la carte… dans le sens propre du terme. Seuls subsistes quelques petits îlots inhabités disséminés un peu partout dans l’océan géant que constitue à présent notre planète. J’ai beau ne pas être calée en science et en technologie, j’ai du mal à imaginer que l’on puisse « couler » et « exterminer » des continents entiers, et que seuls États-Unis s’en sont sorti indemnes…
    L’auteur veut donc nous montrer là des États-Unis invincibles, toute puissante, avec qui aucun pays ne pourrait rivaliser. L’auteur rétrograde aussi les filles, issues d’après la première génération, à des petites choses soumises et sans aucun droit, où elles peuvent être enlevées et tuées sans conséquence. Cela me rappelle étrangement l’époque où l’Église gouvernait le monde et où l’on considérait que les femmes n’avaient pas d’âme (et ne pouvait que procréer et s’occuper du bien-être de leur mari) et avait un statut social moins élevé que celui des chiens.
    Mais ces aspects de son histoire, l’auteur nous les fait oublier avec brio. Totalement pris au piège dans son jardin d’Eden, nous ne voyons plus que ce monde féérique qu’elle a su créer pour Linden et ses épouses. Mais n’est-ce pas le but de tout huis-clos : nous faire oublier le monde extérieur, aussi horrible soit-il ? En tout cas, l’auteur l’a parfaitement réussi.
    Autre petit bémol : la fin. Difficile d’en parler sans spoiler, donc je ne dirai que vaguement résumé mon avis sur la question. L’action finale est trop courte, trop facile, sans difficulté apparente. J’ai eu l’impression qu’il manquait quelque chose.
    Et parce que j’aime chercher la petite bête pour critiquer un éditeur, même si la mise en page et l’histoire sont splendides, je ferai part d’une autre incompréhension d’un de leur choix : celui du titre de cette trilogie. Le titre original, « The Chemical Garden » se traduit en français comme ceci : « Le Jardin Chimique ». Cela est sans doute une référence à l’utopie qu’a voulue produire la science et dont elle est victime à présent. Aussi, le choix francophone de « Le Dernier Jardin » me laisse très dubitative. D’autant qu’au vu de l’histoire, on se doute que l’utopie de Linden et ses épouses n'est pas unique, et que la science avait – et a toujours – une place très importante dans leur monde. Bien sûr, le titre que l’éditeur a choisi est plus poétique, mais un auteur choisi un titre rarement par hasard. Il est donc dommage que, une fois de plus, les éditeurs ne respectent pas cela.
    En tout cas, « Le dernier Jardin – Tome 1 : Éphémère » est un livre passionnant, agréable à lire et avec lequel on passe un très bon moment, que je recommanderai et dont j’attendrai la suite avec impatience (en espérant en savoir plus sur « le monde extérieur » aussi).

    Points forts :
    + La mise en page.
    + Le prix.
    + Une histoire originale post-apocalyptique.
    + Un huis-clos où l’on ne s’ennuie pas.
    + Des personnages attachants.

    Points faibles :
    - Un manque de réalisme concernant la destruction des continents.
    - Une fin très attendue, et pourtant un trop précipitée.
    - Peut agacer les féministes acharnées.


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  • (Chronique précédemment écrite pour http://edenia.sanctusy.net)

    La Joueuse de Go [Shan Sa]

    Titre : La joueuse de go
    Auteur : Shan Sa

    Nombre de volumes : 1
    Nombre de pages : 325

    Éditeur : Gallimard (Folio)

    Genre : Historique, Guerre sino-japonaise.
    Prix :   6,50 euros

    Quatrième de couverture – Résumé de l’éditeur :
    Depuis 1931, le dernier empereur de Chine règne sans pouvoir sur la Mandchourie occupée par l’armée japonaise. Alors que l’aristocratie tente d’oublier dans de vaines distractions la guerre et ses cruautés, une lycéenne de seize ans joue au go. Place des Mille Vents, ses mains infaillibles manipulent les pions. Mélancolique mais fiévreuse, elle rêve d’un autre destin. « Le bonheur est un combat d’encerclement. » Sur le damier, elle bat tous ses prétendants.
    Mais la joueuse ignore encore son adversaire de demain : un officier japonais dur comme le métal, à peine plus âgé qu’elle, dévoué à l’utopie impérialiste. Ils s’affrontent, ils s’aiment, sans un geste, jusqu’au bout, tandis que la Chine vacille sous les coups de l’envahisseur qui tue, pille, torture.

    Critique :
    Première impression en lisant la quatrième de couverture : « bon sang, encore un de ces romans à l’eau de rose affabulateurs qui se veut être un remake de ‘Roméo et Juliette’ ». Ce roman, je l’avais acheté d’occasion à 2 € il y a au moins 4 ans, après avoir lu « Impératrice » de Shan Sa, que j’avais adoré. Mais ayant été freinée par la quatrième de couverture malgré les bons échos reçus, « La joueuse de go » a fait sa place sur ma bibliothèque et n’y a plus bougé en attendant mes motivation et envie d’ouvrir ses pages et de découvrir son histoire. Ce fut long, et mon seul regret, c’est d’avoir délaissé ce merveilleux bouquin si longtemps dans les oubliettes de mon cerveau.
    « La joueuse de go », ce n’est pas les roses et les violons. Si vous y cherchez du romantisme superficiel, vous n’en trouverez pas ici. Entre la joueuse de go et l’officier japonais (se faisant passer, pour les besoins de sa mission, pour un Chinois d’une province étrangère), ça se passe avant tout autour d’un damier et ses pions blancs et noirs. Jour après jour, ils se retrouvent Place des Mille Vents, ne se parlent quasiment pas, et ils jouent encore et encore et apprennent à se connaître via le go.
    Et si au fil du temps, l’officier est de plus en plus intrigué et fasciné par la joueuse de go, ce n’est pas le cas pour elle. Elle a déjà un petit-ami révolutionnaire et possessif, dont le meilleur ami est lui aussi amoureux d’elle. À l’amour, elle n’y croit pas. Pour elle, il n’y a que le go et sa liberté. Quant à l’officier, seule l’armée (et voire le sexe avec les prostituées) compte pour lui.
    Bien sûr, la relation entre la joueuse et l’officier semble évoluer malgré eux au fil des pages… mais ce sont les derniers à être au courant. Les lecteurs avertis s’en rendront compte et une question viendra, au fur et à mesure que l’histoire avancera : « quand vont-ils enfin ouvrir les yeux ? ». Je n’en dirai pas plus pour éviter de spoiler.
    Une autre chose qui m’a plu, c’est le côté « littéraire poétique » de l’auteur. Shan Sa joue avec les mots, tourne ses phrases de telle façon qu’on a parfois l’impression de lire plus de la prose poétique qu’un roman. Ça n’embellit pas l’histoire, ça n’ajoute en rien au dramatique, mais c’est très agréable à la lecture. Et ça n’enlève en rien à la qualité du style de l’auteur : fluide et qui se lit facilement. Et Shan Sa écrivant en français, bien qu’elle soit Chinoise, le roman n’a pas souffert d’une traduction qui aurait pu gâcher cet effet poétique (je doute d’ailleurs qu’un traducteur serait arrivé à retranscrire cet effet).
    Par contre, il y a deux points qui m’ont dérangée dans ma lecture, surtout au début.
    Tout d’abord, les changements de points de vue à chaque chapitre. Comme le récit est rédigé à la première personne, quel que soit le point de vue, c’est perturbant pour les lecteurs non-avertis (dont je faisais partie). Il m’a fallu du temps pour comprendre et me faire à l’idée qu’un chapitre, c’était la narration de la joueuse de go, et le chapitre suivant, la narration de l’officier. Et ce schéma ne changera pas jusqu’à la fin. Une fois qu’on a compris et assimilé ça, ça ne pose aucun problème. Mais si, comme moi, vous n’avez pas compris ça dès le départ, il peut vous arrivez de ne pas comprendre ce qu’il se raconte dans le chapitre car, sans connaitre qui est le narrateur, ce qu’il se dit n’a aucun sens et ça rend la lecture très lourde car vous tentez de comprendre le pourquoi du comment. Personnellement, j’ai recommencé ma lecture après avoir compris le schéma. Heureusement, car sinon, je serai passée à côté de plein de choses et je n’aurais pas autant apprécié ma lecture et je n'aurais pas compris tout l’intérêt de ce changement de narrateur tous les chapitres.
    Ensuite, l’autre élément qui m’a dérangée, c’est de ne pas connaître dès le départ le nom des deux personnages principaux. L’auteur passe par toutes les astuces pour éviter que l’on connaisse leurs noms (pourtant, on connaît tous ceux de leur entourage). Du coup, la lycéenne joueuse de go reste « La joueuse de go », et l’officier reste « L’officier japonais ». J’ai trouvé ça frustrant. Après, cela est-il un désir de l’auteur de montrer que cette histoire aurait pu arriver à n’importe quel anonyme dans cette situation et ce contexte historique. C’est aussi une tentative supplémentaire de garder le lecteur en haleine : tout le long du bouquin, on guette et cherche le moindre indice qui nous donnera l’identité nominative des deux « héros » de l’histoire. Trouverez-vous ou pas la réponse, vous le saurez en lisant « La joueuse de go ».
    En résumé, « La joueuse de go » est un livre que je ne regrette absolument pas d’avoir lu. Je le recommanderais à tout le monde sans hésitation, que ce soit pour la qualité d’écriture de Shan Sa ou pour l’histoire (enfin une « histoire d’amour » sans fioriture ni pathos, pure et réaliste, tout en étant une véritable poésie dans un contexte de guerre).

    Points forts :
    + Le style poétique de l’auteur
    + Une « histoire d’amour » réaliste, qui sort des romances à l’eau de rose habituelles et clichées
    + Des personnages fascinants qui restent fidèles à eux-mêmes du début à la fin

    Point faible :
    - Le changement de narration à chaque chapitre sans préavis peu perturber...


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  • (Chronique précédemment écrite pour http://edenia.sanctusy.net)

    Titre original : Désir charnel
    Auteur : Alexim

    Nombre de volume : volume unique
    Nombre de page : 359

    Éditeur : TheBookEdition.com (collection plumes au bout des doigts)

    Genre : fantastique, romance M/M

    Prix : 6,69€ pour la version PDF, 13,15€ pour la version papier

     Présentation de l’auteur :
    Drake est un jeune homme banal qui mène une vie banale, jusqu'à un soir où il a rendez-vous avec Connie, sa petite-amie. Celle-ci est en train de se faire dévorer par un Indien habillé en hibou.
    L'Indien forcera Drake à l'héberger, et prétendra que Drake et lui sont liés. Drake n'y croit pas mais n'a pas d'autre choix que d'héberger celui qu'il appellera Owl, jusqu'à ce qu'il se demande s'il n'existe pas réellement des liens très anciens entre eux...

    Cette histoire est basée sur le boy's love.
    Il y a donc de nombreuses scènes érotiques entre hommes. Mais tout le scénario est basé sur un amour impossible datant de cinq-cents ans, rendu peut-être possible, grâce à la réincarnation, aux pouvoirs psychiques, au chamanisme, à la sorcellerie, et à l'ésotérisme en général.

    L'histoire des Berdaches est véridique, et basée sur la culture amérindienne.

     Critique :
    PDF acheté hier soir et lecture terminée ce matin : preuve que l'intérêt pour l'histoire fut très grand et le style de l'auteur grandement apprécié.
    Cependant, je vais commencer par le négatif, qui m'a empêché de jouir pleinement de ma lecture et d'être à 100% satisfaite de mon achat.
    Tout d’abord, le prix. 6,69€ pour un pdf/ebook, soit le même prix qu’un livre papier sans les frais autour (frais de port, emballage...), ça peut freiner pas mal de monde. Pour moi, un pdf/ebook ne devrait jamais dépasser les 5€. Au-delà, c’est prendre les lecteurs pour des vaches à lait.
    Mais bon, je connaissais déjà certains travaux publiés sur Fictionpress. J’avais déjà eu le coup de foudre pour « L’homme à la Jaguar » et d’autres écrits de l’auteur plus dans le style fantastique. Donc, malgré mes maigres finances, j’ai mis la main au portefeuille. Car si on doit payer pour lire, on s’attend forcément à une édition de qualité, car c’est supposé être professionnel (c’est tout l’intérêt de payer pour lire, on ne doit pas y retrouver les défauts d’amateurs, en somme). Et puis, il faut l’avouer, le synopsis m’a fait craquer, car il sortait des sentiers battus.
    Là où le bât blesse, c’est qu’il manque justement le côté professionnel dans cette édition proposée.
    Tout d’abord, côté ponctuation et mise en page. Non, avant un dialogue, on ne met surtout pas un simple tiret collé au texte, mais un tiret cadratin suivi d’un espace. De plus, il y a toujours un espace devant les points d’interrogation et d’exclamation. L'éditions est parsemée de ces petits défauts. Ce ne sont que des détails, mais cela est énormément dérangeant pour les personnes qui sont pointilleuses au niveau du français.
    Ensuite, il y a certaines fautes d’orthographe ou de frappe restant ici ou là. Commencer sa lecture avec un « avez » au lieu d’un « avec » dès les premières lignes, ça refroidit.
    Ensuite, il manque certaines cohérences et fluidité lors de certaines scènes. Comme la façon de parler de Drake, alors qu’il voit sa sex-friend être tuée et dévorée. Si Owl est tout simplement parfait dans son rôle et sa façon de parler (c’est ce qui fait son charme dans cette scène), ce n’est pas le cas de Drake. Il est supposé être effrayé, dégoûté… et rien ne transparait dans sa façon de parler, pas même dans ses gestes et réactions. C’est bien de la part de l’auteur de nous informer que Drake est effrayé et dégoûté, mais il aurait fallu que cela transparaisse quand on lisait l’histoire. Avoir l’impression d’un Drake qui se tape la causette comme s’il buvait une tasse de thé dans cette situation alors que l’auteur nous informe que ce n’est pas cela qu’il ressent, non, ce n’est pas logique. Il y a plusieurs scènes ainsi, où ce que nous dit l’auteur et ce qu’il est écrit et décrit est en totale contradiction.
    Il a aussi parfois un manque de descriptions et d’informations, surtout au niveau de ce qu’on ne peut pas voir (les sentiments, les réactions des personnages, …) qui appauvri certaines images de ce livre. Oui, un excès de descriptions est souvent ennuyeux pour le lecteur. Mais une carence de descriptions est tout aussi malsaine pour l’histoire s’il n’y a pas des astuces pour combler ce manque.
    Mon avis est qu’il aurait fallu les yeux affutés d’un bon correcteur, qui n’aurait pas eu peur de dire que telle ou telle chose n'allait pas dans la façon d’écrire. Un ami ou un fan de nos écrits est parfois (si pas souvent) incapable de faire ce genre de chose, même si toute sa bonne volonté y est. Quant à le faire soi-même… Non, c’est impossible (par expérience, je sais qu’on peut lire dix fois la même phrase que l’on a écrite et ne jamais voir une faute qui saute pourtant aux yeux, car, justement, on connait trop bien son texte et ce qu'on veut dire). Une tierce personne voit plus facilement ce genre d’erreur. J’espère donc que l’auteur pourra faire la démarche de corriger son texte et de proposer une réédition (je pousserai bien le vice en lui demandant de le proposer ensuite gratuitement, du moins en pdf, aux personnes ayant déjà acheté le bouquin ou la version numérique, mais bon. Un auteur capable de faire ça me prouvera qu’il reste de l’honnêteté dans ce milieu).
    Voilà pour les points négatifs qui en arrivent à me faire regretter mon achat.
    Côté positif, on louera l’originalité de l’histoire. Sur ce point, l’auteur ne m’a pas déçue et est allé au-delà de mes attentes. On sent aussi que l’auteur sait de quoi il parle, et ça fait un bien fou.
    Ensuite, hormis les points cités ci-dessus, le style de l’auteur est facile à lire, fluide. Parfois cru, mais sans tomber dans la vulgarité : c’est tout en accord avec ses personnages.
    Il y a aussi le fait que l’auteur ne va pas vers la facilité au niveau du français. Bien qu’il y ait toujours des faiblesses, on sent que l’auteur aime le français et sait que c’est une langue riche, contrairement à ce que pas mal de traducteurs voudraient nous faire croire.
    Et puis, il y a aussi les personnages, toujours complexes, qui ne sont jamais ce que l’on peut croire au départ. Sur ce point, l’auteur nous balade notre plus grand bonheur. Tous les personnages, sans exception, sont attachants et nous donne envie d’en savoir plus sur eux. Nous faire apprécier tout le monde, même les méchants : en voilà un tour de force réussi.
    Quant à l’histoire, bien qu’on n’échappe pas au gore et au trash (mais qui a lu le synopsis en a été prévenu préalablement), on entre dedans directement, sans aucun préavis (mais y en a-t-il besoin ?). Il y a des rebondissements, l’histoire se déploie petit à petit, nous laissant découvrir de quoi il en retourne au fur et à mesure de notre lecture. Du début à la fin, l’auteur ne nous déçoit pas à niveau là.
    En résumé, je terminerai cette critique en recommandant ce livre aux amateurs du genre et de boy’s love après une réédition de cette œuvre revue et corrigée.

    Points forts :
    + Personnages attachants
    + Histoire originale
    + Style de l’auteur en général fluide et bien écrit

    Points faibles :
    - Côté « amateur » de l’édition est trop présent
    - Prix de la version numérique trop élevé
    - Manque parfois de descriptions
    - La mise en page et les défauts de ponctuation dérangeants


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