• Abruti, et si... ?

    Oneshot sur « Sasha et Ondine », écrit dans le cadre d’un concours.

    Le défi : écrire un dialogue entre Sasha et Ondine, avec carte blanche sur le thème :)

     

    Abruti, et si… ?

     

    « Kwaaaaak ? », fut l’inintelligible réponse du canard jaunâtre.

    Ondine hocha vigoureusement la tête, comme si elle comprenait parfaitement le pokémon.

    « Oui, tout à fait d’accord ! C’est un abruti ! Il a mangé tout le gâteau, et même pas un merci. Il comprend vraiment rien de rien ! Et en plus… »

    La jeune fille continua son monologue, entrecoupé de « kwak » de différentes nuances, alors que le ciel se teintait de rose et d’orange.

     

    ***

     

    La nuit était tombée, le ciel s’étant couvert de son manteau pailleté d’étoiles, quand Ondine retourna au campement de fortune. Il ne restait que Sasha et Pikachu, tous deux assis sur un vieux tronc d’arbre tombé au sol. Le feu les décorait d’ombres orangées qui se mouvaient au gré du vent.

    La jeune fille s’installa à côté d’eux, après avoir renfermé Psykokwak dans sa pokéball.

    « Où sont les autres ? », s’inquiéta-t-elle, ne voyant personne d’autre.

    « Ils dorment déjà. De vrais ramoloss ! », répondit Sasha en faisant un signe de tête vers les tentes.

    Ondine dirigea son regard vers ses pieds, son cœur semblant tambouriner plus fort que d’ordinaire. Et si… ?

    « Tu… Tu m’attendais ? »

    Elle avait lâché cette question dans un murmure. Mais son faible espoir lui laissa un goût amer dans la bouche quand le jeune homme lui lança un regard franchement étonné en claironnant un « Bien sûr que non. Pourquoi ? ».

    Le pokémon électrique réagit aussitôt, voyant la déception dans les yeux d’Ondine. Une décharge électrique envahit son maître dans un tonitruant « Pikaaaaachuuuuu !!! ». Son maître était peut-être doué avec les pokémons, mais en ce moment, il était clairement un parfait idiot. La décharge terminée, il sauta du tronc et alla tranquillement vers sa tente.

    Sasha se releva péniblement, maudissant le sort qui lui avait fait croiser la route d’un pokémon aussi caractériel. Au bout d’un instant, il se rendit compte que sa compagne de voyage n’avait toujours rien dit. Habituellement, quand il subissait une attaque de Pikachu, Ondine avait toujours une réplique du genre « Bien joué, Pikachu ! » ou « Voilà qui va enfin reconnecter entre eux les quelques neurones qu’il te reste. ». Elle partait ensuite dans un grand éclat de rire.

    Mais maintenant, il n’y avait que le silence. Un silence assourdissant. Un silence qui faisait mal… et il ne  comprenait pas pourquoi.

    Et puis il le vit. C’était juste un petit rond foncé sur le short de la jeune fille. Il tendit la main, paume et visage tourné vers le ciel. Une goutte de pluie. Ça devait être ça. Les secondes passèrent et rien. Et quand un reniflement se fit entendre près de lui, il regarda plus attentivement Ondine.

    Deux nouveaux ronds s’étaient ajoutés sur le short. Il crut voir les épaules de sa compagne tressauter, mais il n’arrivait pas à voir son visage, baissé obstinément vers le sol.

    « Ond… »

    Le jeune homme s’interrompit aussitôt qu’il vit la goutte glisser de la joue de la jeune fille pour aller s’ajouter aux autres ronds. Et il comprit enfin : Ondine pleurait.

    Alors, il murmura un « Ondine… », sincèrement inquiet, et tendit la main vers son épaule. C’était un simple geste de réconfort. Mais un claquement et une douleur aigue lui fit retirer vivement sa main.

    « Hé ! Qu’est-ce qu’il te prend ?! », répliqua-t-il, tenant contre lui son membre maltraité.

    La jeune fille lui montra brusquement son visage humide, les lèvres tellement pincées qu’elles avaient perdu leur belle couleur rosée.

    « Ce qu’il me prend ? Tu me le demandes vraiment ? »

    Ondine se releva, s’écartant un peu plus de son compagnon, et essuya sommairement ses joues à l’aide de ses mains. De sa récente déception, une colère sourde se mêlait à sa douleur et sa tristesse. Aussi, elle pointa un doigt accusateur vers Sasha et continua :

    « T’es qu’un abruti, voilà ce qu’il y a ! Tu… Tu ne comprends vraiment rien de rien ! Et en plus, t’es qu’un ingrat ! T’as jamais appris à dire ‘Merci’ ? Rhaaaa ! Je me demande vraiment pourquoi je t… »

    Ondine se coupa, prenant conscience de ce qu’elle allait dire. Une rougeur envahit son visage, sa colère retombant aussi vite qu’elle était montée.

    Voyant la jeune fille se calmer, Sasha se releva aussi et fit un pas pour se rapprocher d’elle.

    « Pourquoi tu ‘quoi’, Ondine ? »

    Ce n’était un murmure d’une voix mal assurée. Mais dans la nuit, la voix du jeune homme semblait résonner aux oreilles d’Ondine. Elle frissonna. Elle devait lui dire. Il fallait qu’elle arrête les sous-entendus, les gestes ambigus. Car il ne comprendrait jamais, et elle continuerait à souffrir. Elle était à bout, son indifférence lui faisait mal. Allez, c’était une battante, elle avait l’habitude de dire les choses franchement, sans détour.

    Enfin, elle releva son visage qu’elle ne se rappelait pas avoir baissé. Et elle regarda son compagnon en face. Et elle vit ses joues rougies, la lueur incertaine dans ses yeux. Et si… ?

    « Je t’aime… »

    Voilà, c’était dit.

    Et elle attendit une réponse des lèvres de son vis-à-vis qui s’étaient figées dans un O silencieux.

    Et puis, enfin, les lèvres bougèrent, le rouge du visage de Sasha gagna du terrain.

    Et elle prit peur. Son cœur s’emballait plus que de raison. Alors, avant qu’un son ne se forme, elle fit soudainement demi-tour et parti en direction de sa tente en lâchant un bref « Laisse tomber. ».

    Mais elle fit à peine cinq pas, et une main la força à se retourner, et des lèvres se collèrent aux siennes. Elles étaient douces, un peu tremblantes. Ondine ferma les yeux, et les mains qu’elle avait levées pour repousser le jeune homme s’agrippèrent à son t-shirt.

    Enfin, Sasha recula son visage, souriant.

    « Moi aussi, je-… »

    « Hé ! Qu’est-ce que vous faites ? Vous ne dormez pas encore ? »

    Pierre bailla, semblant à moitié endormi, et regardant ses amis.

    CLAC !

    Sasha cria un « Aïïïe ! » quand la main de la jeune fille rencontra violemment sa joue. Ondine tournait alternativement son regard de Pierre à Sasha, gênée d’avoir été surprise dans cette situation. Jusqu’au bout, le jeune homme restait maladroit et enchaînait les bêtises.

    Alors, elle tourna les talons et, sur un « T’es qu’un abruti ! », elle courut jusque sa tente et s’y enferma. Un sourire illumina son visage quand elle se coucha.

    À l’extérieur, elle entendit Pierre demander un « Mais que lui as-tu encore fait ? » à son compagnon.

    Sasha n’était qu’un abruti, mais, à présent, c’était son abruti à elle.

     

    FIN


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